Géochimie des chondres de chondrites à enstatite : un aperçu des précurseurs
Les chondrites à enstatite, qui sont isotopiquement les plus proches de la Terre et donc de ses matériaux précurseurs, ont une minéralogie exceptionnellement réduite. Longtemps, cette propriété a été attribuée à une condensation des différents composants originels de ces chondrites à partir d’un gaz bien plus réducteur que la composition solaire qui explique les condensats préservés — i.e. non passés par des épisodes de fusion avant accrétion — dans les autres groupes de chondrites. Les analyses (par sonde électronique et LA-ICP-MS) d’éléments mineurs et en trace des différentes phases silicatées des chondres (sphérules fondues) des chondrites à enstatite publiées en 2015 par Jacquet et al. dans Meteoritics and Planetary Science, ont montré qu’avant les épisodes de fusion, les composants des chondrites à enstatite ne devaient guère différer de leurs homologues des autres groupes, et que ce sont ces épisodes-mêmes de fusion qui avaient imposé des conditions réductrices. Il y a par conséquent une certaine universalité de la première génération de solides (les condensats) du système solaire. Cet article, le seul que l’auteur ait consacré à ce groupe de météorites, lui a valu de diriger un chapitre de revue sur leurs chondres pour le livre « Chondrules and the protoplanetary disk » à paraître en 2018.
Jacquet E., Alard O., Gounelle M. (2015). The formation conditions of enstatite chondrites: Insights from trace element geochemistry of olivine-bearing chondrules in Sahara 97096 (EH3). Meteoritics and Planetary Science, 50, 1624-1642.

Figure 1c : Carte X d’un chondre porphyrique à olivine et pyroxène de la chondrite à enstatite Sahara 97096.

Figure 2d : Spectres de Terres Rares moyens des différentes phases analysées. Les silicates ferromagnésiens ne se distinguent guère de leurs homologues d’autres groupes de météorites (comme les chondrites ordinaires en pointillé) alors que la mésostase interstitielle présente des anomalies négatives en Eu et Yb attribuées à la séparation d’oldhamite (qui porte notoirement les anomalies complémentaires) dont l’origine ignée, lors d’un épisode tardif de sulfurisation, est ainsi mise en évidence.